Songe d'oubli
ESTOY SOÑANDO que escribo este relato. Las imágenes se suceden y giran a mi alrededor en un torbellino vertiginoso. Me veo escribiendo en el cuaderno como si estuviera encerrado en un paréntesis dentro del sueño, en el centro inmóvil de un vórtice de figuras que me son a la vez familiares y desconocidas, que emergen de la niebla, se manifiestan un instante, circulan, hablan, gesticulan, luego se quedan quietas como fotografías, antes de perderse en el abismo de la noche, abrumadas por la avalancha de olvido y sumirse en la quietud inquietante de las aguas del lago. …]
Todo está inscrito en la brumosa lejanía del olvido y los seres y las cosas aparecen envueltos en esa lentitud de lo que apenas empieza a ser recordado, de lo que acaba de despertar a la vida renovada de la memoria. Sobre la página del cuaderno en que escribo el sueño proyecta, difusas e imprecisas, las imágenes que guardan todavía el torpor y la laxitud de su propio sueño de olvido. (Salvador Elizondo, Elsinore.)
JE RÊVE que j’écris ce récit. Les images se succèdent et virevoltent autour de moi en un tourbillon vertigineux. Je me vois en train d’écrire sur le cahier comme enfermé dans une parenthèse à l’intérieur du rêve, dans l’oeil d’un cyclone de silhouettes qui me sont à la fois familières et inconnues, qui émergent du brouillard, se manifestent un instant, circulent, parlent, gesticulent, puis se tiennent coites telles des photographies, avant de se perdre dans l’abîme de la nuit, écrasées sous l’avalanche de l’oubli, et d’être englouties dans l’inquiétante quiétude des eaux du lac. …]
Dans ce lointain brumeux de l’oubli tout est écrit, et les êtres et les choses semblent enveloppés de la lenteur de ce qu’on commence à peine à se rappeler, de ce qui vient de s’éveiller à la vie renouvelée du souvenir. Sur la page du cahier où j’écris, le rêve projette, diffuses et imprécises, les images qui conservent encore la torpeur et la laxité de leur propre songe d’oubli. (Salvador Elizondo, Elsinore.)
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JE RÊVE que j’écris ce récit. Les images se succèdent et virevoltent autour de moi en un tourbillon vertigineux. Je me vois en train d’écrire sur le cahier comme enfermé dans une parenthèse à l’intérieur du rêve, dans l’oeil d’un cyclone de silhouettes qui me sont à la fois familières et inconnues, qui émergent du brouillard, se manifestent un instant, circulent, parlent, gesticulent, puis se tiennent coites telles des photographies, avant de se perdre dans l’abîme de la nuit, écrasées sous l’avalanche de l’oubli, et d’être englouties dans l’inquiétante quiétude des eaux du lac. …]
Dans ce lointain brumeux de l’oubli tout est écrit, et les êtres et les choses semblent enveloppés de la lenteur de ce qu’on commence à peine à se rappeler, de ce qui vient de s’éveiller à la vie renouvelée du souvenir. Sur la page du cahier où j’écris, le rêve projette, diffuses et imprécises, les images qui conservent encore la torpeur et la laxité de leur propre songe d’oubli. (Salvador Elizondo, Elsinore.)
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